Quel est le temps d’écran recommandé pour les enfants selon leur âge ?

Télévision, smartphone, tablette, ordinateur, console de jeux, écran tactile…On ne vous apprend rien : les écrans font aujourd’hui pleinement partie de notre quotidien. Les enfants y sont donc fréquemment exposés, de manière directe ou indirecte. Selon plusieurs études, cette exposition peut présenter pour eux des risques dans certains cas. Mais quelles sont véritablement les recommandations à suivre ? Quel est le temps d’écran recommandé pour les bébés et les enfants ? Babybio fait le point. 

Un temps d’écran de plus en plus important chez les enfants

Le temps passé devant les écrans par les enfants et les adolescents est un sujet qui est au centre des débats publics, médiatiques et scientifiques depuis plusieurs années. En cause ? La présence toujours plus importante des technologies numériques dans nos vies. Une Commission d’experts français réunie par le Président de la République l’a confirmé en avril 2024 : « les enfants évoluent dans un univers dans lequel les écrans et le numérique occupent une place prépondérante » ; ils y sont donc « très largement exposés, et de plus en plus jeunes, au sein de leur domicile, à l’école ou dans l’espace public ». 

Le temps d’écran moyen des enfants selon leur âge

En avril 2023, l’étude ELFE publiée par Santé Publique France constate aussi que le temps passé devant les écrans a augmenté ces dernières années pour les enfants français. Lancée en 2011, cette étude (intitulée « Temps d’écran de 2 à 5 ans et demi chez les enfants de la cohorte nationale elfe ») indique que le temps d’écran moyen en France est actuellement de :

• 56 minutes à 2 ans
• 1h20 à 3 ans et demi
• 1h34 à 5 ans et demi

Comme nous allons le voir, ces durées d’exposition sont supérieures aux recommandations actuelles formulées par la plupart des organismes de santé européens et américains. Ces derniers rappellent en effet qu’il est indispensable de limiter et réguler le temps passé devant les écrans. La raison ? Un usage prolongé et excessif présenterait pour les enfants (les plus jeunes, mais aussi les adolescents) des risques potentiels, en particulier lorsque les écrans « empiètent sur des apprentissages essentiels à leur développement physique, psychique et social ». 

Quels sont les risques d’une surexposition aux écrans pour les enfants ?

De nombreuses études ont mis en lumière les risques liés à une surexposition aux écrans pour les bébés, les enfants et les adolescents. Comme l’évoque le rapport de la Commission 2024 citée par l’Association Française de pédiatrie ambulatoire, « un consensus scientifique net se dégage sur les conséquences néfastes des écrans sur la santé des enfants » ; selon ce rapport, « l’utilisation des écrans contribue (directement ou indirectement) aux déficits de sommeil, à la sédentarité, au manque d’activité physique, à l’obésité et à l’ensemble des pathologies chroniques qui en découlent, ainsi qu’aux problèmes de vue ». 

En janvier 2020, une publication du Haut Conseil de la santé publique (« Analyse des données scientifiques : effet de l’exposition des enfants et des jeunes aux écrans ») mentionnait les mêmes risques pour la santé et le bien-être des enfants (mais reconnaissait aussi certains bienfaits aux écrans).   

• Sédentarité et manque d’activités physiques

Un temps d’écran trop important va logiquement réduire le temps accordé aux activités physiques, et donc engendrer une plus grande sédentarité chez l’enfant. Selon l’âge de l’enfant, le manque d’activité peut entraîner une moins bonne motricité au moment d’entrer à l’école (l’enfant n’ayant pas suffisamment appris à marcher, courir, sauter etc…) et des problèmes de surpoids (voire d’obésité). Par ailleurs, de nombreux cardiologues rappellent que « la pratique d’une activité physique reste indispensable pour le bon développement cardiaque des enfants ». 

• Difficultés d’attention et de concentration 

Plusieurs études (dont une note de Santé Publique France de 2020) avancent l’idée qu’une surexposition aux écrans pourrait créer chez les jeunes enfants des problèmes d’attention et de concentration (notamment lorsque l’enfant regarde systématiquement la télévision avant de se rendre en classe). 

• Troubles primaires du langage 

Comme le rappelle Santé Publique Paris et plusieurs autres études sur la question, une mauvaise utilisation des écrans chez les jeunes enfants pourrait nuire à l’acquisition du langage. Une étude de 2020 menée en Ille-et-Vilaine (mentionnée sur le site officiel de l’Assurance Maladie) montre que les enfants qui regardent la télévision le matin sont 3 fois plus à risque de développer des troubles primaires du langage que les enfants qui n’entrent pas dans cette catégorie – le risque est multiplié par 6 lorsque l’enfant ne discute pas (ou rarement) avec ses parents du programme qu’il a vu. Vous avez des interrogations sur le langage de votre enfant ? Découvrez notre article sur l’âge moyen du premier mot chez les bébés et celui sur le langage des signes.  

• Difficultés pour apprendre les compétences fondamentales 

Plusieurs autres études évoquent des difficultés à développer de bonnes compétences cognitives pour les bébés et les jeunes enfants surexposés aux écrans. Une étude de grande ampleur menée par l’Institut américain de la recherche médicale (National Institutes of Health) va dans ce sens : les chercheurs ont constaté que certains enfants de moins de 5 ans qui passaient plus de deux heures par jour devant un écran avaient subi un amincissement prématuré du cortex cérébral (la région du cerveau qui soutient les fonctions cognitives les plus importantes). 

La Commission française de 2024 a précisé que « les conséquences des écrans sur le neurodéveloppement des enfants nécessitent encore d’être approfondies », mais que les données analysées doivent inciter à une « régulation des usages ». Selon elle, il est évident qu’un usage prolongé des écrans affectant « la qualité et la quantité des interactions avec l’enfant peut altérer les capacités socio-émotionnelles et le développement du langage ». 

• Troubles du sommeil 

Comme le révèle le rapport de la Commission 2024, « les écrans et les usages qui en sont faits, en soirée ou la nuit notamment, ont des effets négatifs directs et certains sur le sommeil des enfants et perturbent leurs cycles naturels ». Comme vous le savez sans doute déjà, un sommeil récupérateur est indispensable au bon développement des bébés et des jeunes enfants – retrouvez en ligne tout ce qu’il faut savoir sur les siestes de bébé et utilisez nos conseils pour aider bébé à faire ses nuits. 

Par ailleurs, plusieurs autres effets négatifs ont été mis en avant par les études précédemment citées :

• Une difficulté à gérer ses émotions, à se calmer seul et à réguler ses humeurs
• Une mauvaise estime de soi (notamment à l’adolescence)
• Une difficulté à développer des relations sociales (en raison du manque d’interactions)

QUID de la dangerosité des « ondes » du téléphone pour les bébés ?

Il n’est pas rare d’entendre parler des dangers pour les jeunes enfants des ondes émises par les appareils numériques, notamment par les téléphones portables. Comme le précise la Commission d’avril 2024,  quoique « non tranchées par la science », ces interrogations sur les « effets de l’exposition aux ondes électromagnétiques » et sur «l’impact éventuel de l’exposition à des substances reconnues comme perturbateurs endocriniens » doivent « inviter à la prudence », notamment pour les bébés et les femmes enceintes. 

Les points positifs des écrans pour les enfants

Si la surexposition aux écrans présente des risques pour la santé et le développement des enfants, il ne faut pas non plus diaboliser leur usage. Dans les faits, ce ne sont pas les écrans en tant que tels qui sont dangereux, mais leur mauvaise utilisation. Autrement dit, les risques vont dépendre avant tout du temps passé devant l’écran, mais aussi de la manière de procéder – regarder un dessin animé avec votre enfant et interagir avec lui aura, par exemple, un impact beaucoup plus positif que si vous le laissez seul devant l’écran sans aucune clé de compréhension.

Les écrans peuvent d’ailleurs aussi avoir de bons côtés. Plusieurs études estiment que les émissions TV de qualité (mais aussi certaines applications sur smartphone ou tablette) permettent de diversifier les sources de stimulation et de divertissement chez l’enfant, et renforcent certains comportements positifs (comme le fait d’accepter les différences chez chaque individu, par exemple). 

À savoir : certains jeux vidéo (lorsque l’enfant est en âge d’y jouer) pourraient contribuer « au développement de la logique, des habiletés visuelles et spatiales » et renforcer la « capacité à résoudre des problèmes ». 

Mais encore une fois, rappelons que : 

• les écrans ne doivent jamais remplacer les activités physiques et ludiques non virtuelles ;
• Il est indispensable d’utiliser les écrans avec modération. 

Quel temps d’écran pour mon enfant ?

Vous l’avez désormais compris : c’est le temps passé devant l’écran qui va être déterminant. Une exposition adaptée à l’âge de votre enfant et à ses capacités cérébrales pourra lui procurer du plaisir et avoir des effets positifs ; à contrario, un temps d’écran trop important sera susceptible de nuire à son développement, sa santé et son bien-être. 

Temps d’écran chez le bébé et l’enfant : quelles sont les recommandations ?

Malheureusement, il n’existe pas encore de véritables consensus scientifiques sur les temps d’écran à respecter pour les enfants. Les recommandations peuvent donc différer d’un organisme à un autre. 

• Selon l’OMS, aucun temps d’écran ne doit être accordé aux enfants de moins de 2 ans. Entre 2 et 5 ans, l’Organisation Mondiale de la Santé recommande 1 heure maximum d’exposition aux écrans.
• En France, le Haut Conseil de la santé publique, l’Académie nationale de médecine et le rapport de la Commission 2024 ne préconisent aucune exposition avant l’âge de 3 ans si certaines conditions ne sont pas réunies (comme la présence d’un adulte pendant l’exposition ou l’interactivité sur le contenu). Le site officiel de l’Assurance rappelle également qu’il faut « éviter la télévision et les écrans non interactifs avant l’âge de 3 ans ».
• L’ Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) recommande de ne pas mettre son enfant devant un écran avant l’âge de 2 ans. Avant cet âge-là, le nourrisson n’est pas en mesure de traduire dans le monde physique ce qu’il perçoit en deux dimensions sur un écran.
• Après 6 ans, l’Association française de pédiatrie ambulatoire préconise une exposition « modérée et contrôlée trouvant sa juste place parmi des activités diversifiées ». Les Directives canadiennes en matière de mouvement sur 24 heures, quant à elles, évoquent deux heures d’écran maximum par jour pour les enfants de plus de 5 ans. 

Prendre en compte la capacité d’attention moyenne 

Pour connaître le temps d’écran à accorder à votre enfant, il peut être judicieux de se référer à leur capacité d’attention. Plusieurs professionnels de santé utilisent ces données pour se faire une meilleure idée des temps à respecter : 

• 20 à 30 minutes d’attention entre 3 et 6 ans
• 30 minutes d’attention de 6 à 8 ans
• 45 minutes de 8 à 10 ans
• 1 heure après 10 ans 

La règle du 3-6-9-12 pour réguler le temps d’écran 

SI vous avez des doutes concernant le temps d’écran à respecter pour vos enfants, vous pouvez aussi vous baser sur la règle des 3-6-9-12. Mise au point par le psychologue Serge Tisseron, elle reprend les différentes recommandations actuelles des professionnels de santé. 

• Pas d’écran avant l’âge de 3 ans. Entre 2 et 3 ans, vous pouvez montrer à votre enfant de manière exceptionnelle (voire occasionnelle) un petit dessin animé ou une application ludique (pas plus de 20 minutes), à condition d’interagir avec lui.
• Entre 3 et 6 ans, le partage de l’écran. L’enfant ne doit pas être exposé aux écrans plus d’une  heure par jour au maximum ; l’idéal est de répartir le temps d’écran en deux petites séquences de 30 minutes (de préférence dans la journée). L’utilisation doit bien sûr être encadrée : il est important d’interagir avec votre bout de chou, et de lui poser des questions sur ce qu’il a compris ou non.
• Entre 6 et 9 ans, la phase d’éveil créatif. Vers 5 ans et demi/6 ans, les écrans doivent être mis au service de l’éveil créatif. Vous pouvez commencer à lui montrer comment faire des photos avec votre smartphone, par exemple, ou créer de petits visuels. Vers 5 ans, les podcasts sont également de bons outils pour faire marcher l’imaginaire (et ne sont pas à comptabiliser dans le temps d’écran).
• Entre 9 et 12 ans, il est indispensable de contrôler l’utilisation des réseaux sociaux et de protéger votre enfant des contenus à caractère violent ou pornographique. Là encore, limitez les écrans le matin et le soir pour éviter les troubles du sommeil. Dans tous les cas, jusqu’aux 10 ans de l’enfant, il est recommandé de ne pas dépasser 2 heures d’écran par jour au total. 

source Page Wikipedia de Serge Tisseron : https://fr.wikipedia.org/wiki/Serge_Tisseron

La méthode des « 4 pas » pour contrôler le temps d’écran 

L’Académie américaine de psychiatrie a développé une autre méthode aujourd’hui reprise par de nombreux professionnels de santé, y compris en France : la règle (ou la méthode) des « 4 pas ». 

• Pas d’écran le matin 

Comme vu précédemment, mettre des dessins animés aux enfants avant l’école pourrait contribuer à développer des problèmes d’attention et des troubles du langage – le jeune enfant va fatiguer son système attentionnel devant la TV, ce qui l’empêchera de se concentrer à l’école. 

• Pas d’écran pendant les repas 

L’heure du repas est le moment idéal pour échanger avec ses enfants. Ces interactions sont bénéfiques au développement du langage et à l’apprentissage. Le contenu de certains journaux télévisés peut par ailleurs avoir des répercussions négatives sur les plus jeunes (stress, anxiété…)

• Pas d’écran avant de s’endormir

Comme mentionné plus haut, les écrans peuvent avoir un effet particulièrement néfaste sur le sommeil des enfants et des adolescents. Il est donc important de ne pas mettre d’écran avant l’heure du coucher (éteindre au moins 1 heure avant de dormir). 

• Pas d’écran dans la chambre de l’enfant

Il est toujours utile de le rappeler : aucun équipement ne doit être installé dans la chambre de votre enfant pour pouvoir contrôler au mieux l’exposition aux écrans et les contenus regardés. 

TEMPS D'ÉCRAN : LE TABLEAU RÉCAPITULATIF 

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