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Comment reconnaître une allergie alimentaire chez bébé ?

En France, les allergies alimentaires concernent entre 4 et 8 % des nourrissons (et entre 6 et 8 % des enfants de moins de 12 ans). En constante augmentation au sein de la population française, ces réactions allergiques peuvent être causées chez le jeune enfant par plusieurs aliments, dont le lait de vache. Vous pensez que votre bout de chou est allergique ou présente des risques ? Découvrez tout ce qu’il faut savoir sur l’allergie alimentaire chez bébé et apprenez à reconnaître les symptômes pouvant se manifester à l’âge préscolaire. 

Allergie alimentaire : qu’est-ce que c’est exactement ?

L’allergie alimentaire est une réaction anormale du système immunitaire lors de l’ingestion d’un aliment. Chez la personne allergique, l’absorption de l’aliment va créer une réaction exagérée par rapport à un sujet sain (non allergique), chez qui l’aliment sera inoffensif. Il s’agit donc d’une réaction d’hypersensibilité à un aliment (appelé allergène) qui n’est ni provoquée par une intolérance (liée à un déficit enzymatique), ni par une molécule toxique, mais par une protéine alimentaire. 

Les allergies alimentaires se divisent en deux grandes catégories : 

Les allergies à réaction immédiate (ou allergies IgE 1 dépendantes)

Cette catégorie regroupe les allergies alimentaires médiées par la présence d’anticorps IgE (allergie IgE-médiée). Lors de l’ingestion de l’allergène, le système immunitaire du sujet allergique entraîne une réponse inflammatoire immédiate (dans les 30 minutes maximum suivant l’ingestion) en produisant des immunoglobulines E (IgE). 

Cette réaction provoque généralement des symptômes sévères chez la personne (parfois potentiellement mortels). Toutefois, les formes graves d’allergie alimentaire sont rares chez les nourrissons ; elles surviennent généralement à partir de l’âge de 3 ans. 

Les allergies à réaction retardée (ou allergies non IgE-dépendantes)

Les allergies de ce groupe provoquent une réaction de l’organisme (plus tardive) mais n’entraînent pas une production d’IgE. Les symptômes, dont l’intensité est proportionnelle à la quantité d’aliments ingérée, apparaissent plusieurs minutes (voire plusieurs heures) après la consommation de l’allergène. Ces formes de réactions allergiques sont actuellement les plus courantes chez les bébés. 

Quels sont les symptômes d’une allergie alimentaire chez bébé ?

Les symptômes dépendent du type d’allergie (IgE médié ou IgE non-médié). 

Les symptômes les plus courants chez le nourrisson (allergie alimentaire non IgE-dépendantes)

Plusieurs symptômes peuvent se manifester lors d’une réaction allergique causée par un allergène alimentaire. Comme vu précédemment, leur intensité est généralement liée à la quantité d’aliments absorbée. 

  • Importantes régurgitations plusieurs fois par jour, et de manière systématique après la tétée ou le biberon
  • Diarrhées, vomissements, variation de fréquence des selles, sang dans les selles…
  • Urticaire, eczéma
  • Syndrome d’entérocolite aux protéines alimentaires (SEIPA). Syndrome se traduisant, sous sa forme sévère, par de forts vomissements, un état léthargique et une pâleur du visage survenant entre 1 et 4 heures après l’ingestion. La forme chronique du syndrome se caractérise par des diarrhées, des vomissements et un retard de croissance (dû aux troubles intestinaux). 

Les troubles du système digestif et le reflux gastro-œsophagien causés par l’allergie alimentaire vont créer chez l’enfant de nombreuses manifestations : pleurs très fréquents et insistants, irritabilité, tortillements, réveils nocturnes, demande constante de téter (notamment pour soulager une œsophagite). Certains de ces symptômes sont parfois difficiles à distinguer des coliques de bébé (ou coliques du nourrisson) car les manifestations sont parfois similaires (en particulier les pleurs à répétition et les tortillements). 

Bon à savoir : Un trouble de  la croissance provoqué par les conséquences d’une œsophagite est un signal qui peut vous alerter quant à un problème d’allergie alimentaire. 

Les symptômes dus à une allergie IgE 1 dépendante (plus rare chez le bébé)

Les allergies alimentaires de type IgE médié provoquent rapidement (en quelques minutes généralement) des symptômes souvent très sévères (pouvant mettre en danger la vie de l’enfant dans certains cas). Déclenchées par l’ingestion d’une très faible quantité d’aliment (voire par un simple contact avec l’allergène), ces réactions peuvent toucher simultanément les systèmes digestif, respiratoire, cardio-vasculaire et cutané. 

  • Urticaire aiguë (des plaques rouges se forment rapidement après la consommation de l’aliment et démangent fortement le nourrisson)
  • Angio-œdème (œdème localisé d’installation brutale)
  • Vomissements en jet  à répétition
  • Toux, difficultés à respirer
  • Gonflement des lèvres, de la gorge et de langue
  • Anaphylaxie. 

L’anaphylaxie est la manifestation la plus sévère de l’allergie. Pouvant être mortel, le choc anaphylactique constitue une urgence absolue. Il déclenche généralement plusieurs symptômes sévères de manière simultanée, dans les minutes suivant l’ingestion : difficultés respiratoires, asthmes, urticaires, œdème du visage et œdème de Quincke (spasme au niveau du larynx), malaise, perte de connaissance…L’anaphylaxie est toutefois une réaction rare chez l’enfant en bas âge (entre 5 et 20 % des cas concernent les nourrissons en France). 

Allergie alimentaire de bébé : quels sont les aliments concernés ?

Le lait de vache, principal allergène pour les nourrissons

Le lait de vache est le premier aliment en cause dans les allergies alimentaires des nourrissons (ce qui est normal, puisqu’il s’agit du seul aliment qu’un bébé non allaité consomme avant l’âge de 4/6 mois). Les enfants sont alors allergiques à la protéine du lait. Une allergie au lait de vache est souvent détectée par la présence de sang dans les selles. 

Les autres aliments en cause

Plusieurs autres aliments peuvent déclencher des allergies chez le jeune enfant lors de la diversification alimentaire : produits laitiers (yaourt, fromage…), œufs (le blanc d’oeuf principalement), arachide, moutarde, noix (les fruits à coque de manière générale), soja, blé, légumineuses (lentilles, haricots, pois cassés…), fruit de mer, poisson. Retrouvez ici les poissons à cuisiner pour bébé dès ses 6 mois. 

À savoir : certains bébés peuvent développer une allergie au lait maternel ; la maman a alors consommé régulièrement pendant sa grossesse (ou pendant l’allaitement) un aliment dont l’enfant est allergique. 

Comment détecter une allergie alimentaire chez l’enfant ?

Si vous avez des doutes quant à une allergie alimentaire chez votre bébé, ou que vous êtes vous-même (vous ou votre conjoint/conjointe) allergique à certains aliments, il est important de consulter rapidement votre pédiatre. 

Dans un premier temps, le médecin effectuera un examen clinique de l’enfant (si vous le consultez après l’apparition de symptômes évoquant une allergie alimentaire). Il réalisera ensuite un interrogatoire poussé sur vos habitudes alimentaires, l’apparition des symptômes et leur fréquence, ainsi que sur l’alimentation de bébé et vos antécédents familiaux. 

Dans un second temps, le pédiatre va prescrire à votre enfant des tests de dépistage. La nature de ces tests varie selon le type d’allergie : 

  • Pour dépister une allergie à réaction immédiate (allergie alimentaire IgE dépendante)

Un test cutané, appelé couramment « Prick Test », est réalisé par un allergologue : un allergène est alors déposé sur la peau sous forme liquide. Après 10 à 20 minutes d’observation, l’allergie est constatée si surviennent un bouton d’allergie, une rougeur localisée, un gonflement et/ou des démangeaisons. Des tests sanguins (prise de sang) peuvent être effectués si les résultats du test ne sont pas probants, ainsi qu’un test de provocation orale (à l’hôpital, sous surveillance médicale).

  • Pour dépister une allergie à réaction différée (allergie alimentaire IgE non-dépendante)

Un patch test (test épicutané) peut être effectué pour diagnostiquer une allergie alimentaire à réaction non immédiate. Il s’agit de déposer sur le dos du patient des petites doses d’allergène durant 48 heures. En cas de réactions allergiques, un érythème simple ou accompagné de vésicules et de bulles apparaît au bout de 24 heures sur la peau du sujet. Une épreuve d’éviction de l’aliment peut également être prescrite par l’allergologue : l’aliment potentiellement allergène est retiré de l’alimentation de l’enfant, puis réintroduit pour constater ou non l’apparition de symptômes. 

Combien de temps dure une allergie alimentaire ?

La durée d’une allergie alimentaire chez le nourrisson dépend de l’allergène. 

  • Pour le lait, les œufs, le blé et viande de bœuf/veau

La recherche médicale estime que ces allergies disparaissent dans 80 à 90 % des cas avant l’âge de 2 ans. Pour ces aliments (lait, viande, œuf), des mesures d’éviction permettent de faire disparaître l’allergie après une durée de 2 ou 3 ans, lorsqu’il s’agit de formes d’allergie IgE non-médiées. 

Les allergies au poisson et à l’arachide (et globalement aux fruits à coque) disparaissent plus difficilement (voire pas du tout); elles peuvent donc persister durant toute l’enfance et continuer à l’âge adulte. 

Quels sont les traitements contre l’allergie alimentaire ?

Le traitement va dépendre de la forme d’allergie (à réaction immédiate ou différée) et de la sévérité des symptômes. Pour la plupart des allergènes, l’allergologue va prescrire un régime d’éviction totale (l’aliment est tout simplement retiré de l’alimentation de bébé). En ce qui concerne le lait de vache, il existe aujourd’hui plusieurs alternatives, comme le lait infantile au lait de chèvre

Certaines allergies à réaction immédiate peuvent également faire l’objet d’une induction de tolérance (quand il s’agit d’une allergie au lait, à l’œuf ou au blé, notamment) : l’aliment doit alors être consommé chaque jour en infime quantité jusqu’à pouvoir tolérer une portion normale de l’aliment. 

En plus du régime d’éviction, la prise d’antihistaminiques ou de corticoïdes est souvent recommandée pour traiter certains symptômes de l’allergie, notamment l’urticaire ou l’eczéma. Par ailleurs, un choc anaphylactique doit obligatoirement être traité par injection intramusculaire d’adrénaline. Des traitements de fond sont également en cours d’évaluation, notamment en ce qui concerne les allergies à l’arachide. 

Comment prévenir les allergies alimentaires chez bébé ?

Aucune méthode de prévention des allergies alimentaires ne fait aujourd’hui consensus auprès de la communauté scientifique. Plusieurs études récentes ont toutefois fait évoluer les pratiques des allergologues et des professionnels de santé. Ces études ont en effet pu démontrer que l’introduction précoce des aliments lors de la diversification alimentaire (en particulier des aliments à risque) réduisait les réactions allergiques chez le jeune enfant. Il est par exemple désormais conseillé de faire goûter du poisson à l’enfant dès l’âge de 4/6 mois, et d’introduire les fruits à coque sous forme de purée d’oléagineux par exemple (dont les cacahuètes) vers les six mois de l’enfant (mais pas avant). Pour les enfants à risque (ayant deux parents possédant une allergie alimentaire, notamment), l’introduction de ces aliments doit être effectuée après la réalisation d’un bilan allergologue. 

Par ailleurs, il peut aussi être recommandé de ne pas faire de régime d’exclusion lors de la grossesse et de l’allaitement. Bien sûr, demandez toujours l’avis de votre pédiatre avant la mise en place de toute mesure relative à la prévention ou au traitement d’une allergie alimentaire.