Quotidien

Régurgitation du bébé : que faire ?

Votre bébé régurgite son lait après avoir bu ? Rassurez-vous. Ce phénomène est normal chez l’enfant en bas âge. Dans la plupart des cas, il ne demande pas d’effort à votre bout de chou et ne nuit pas à sa santé. 

En revanche, si vous constatez d’autres troubles (au niveau du sommeil, de la croissance…), il peut être question d’un type de régurgitation plus problématique appelé « reflux gastro-œsophagien compliqué ». Il faut alors consulter un professionnel de la santé qui saura vous accompagner.

Qu’est-ce que la régurgitation du bébé ? Quelles sont les causes et les symptômes qui doivent alerter ? Comment soulager un nourrisson qui régurgite beaucoup et quelles précautions prendre ? Voici nos conseils.

Qu’est-ce qu’une régurgitation chez un bébé ?

La régurgitation du bébé, aussi appelé  reflux gastro-œsophagien (RGO), est la remontée du contenu de l’estomac vers l’œsophage. C’est souvent un mélange de lait et de salive qui remonte sans effort après l’ingestion du repas. Il s’agit d’un trouble digestif, généralement sans gravité, qui touche environ 30% des tout-petits.

Les régurgitations apparaissent avant l'âge de 3 mois. Elles sont favorisées par l’alimentation liquide, les changements de position et la compression de l’abdomen. Elles disparaissent naturellement après 9 mois voire 1 an, quand l’enfant apprend à se mettre debout et commence à manger des aliments solides.

Ces reflux sont physiologiques et ne représentent aucun danger pour le nourrisson. Ils sont involontaires mais ne demandent aucun effort. Si vous ne constatez aucune gêne chez votre enfant (pleurs, toux, perte de poids…), alors pas d’inquiétude ! Ce trouble digestif va s’estomper avec la croissance.

Quelles sont les causes de la régurgitation d’un bébé ?

Les régurgitations des bébés sont très fréquentes, parfois abondantes, mais ce ne sont pas des vomissements. Ces renvois de lait inoffensifs s’expliquent par deux causes physiologiques naturelles.

Un système anti-reflux encore immature

Chez le nourrisson, le système anti-reflux se met en place. Le muscle du sphincter cardial, situé à la jonction de l'œsophage et de l'estomac, est encore immature. Plutôt que de se refermer pour favoriser la digestion, il peut se relâcher de façon inappropriée et laisser remonter le liquide gastrique jusqu’à la bouche. L’enfant va alors régurgiter son repas de façon involontaire. La position et l’agitation de son corps peuvent accentuer les reflux. Bien sûr, ce problème disparaît avec la croissance.

Un petit estomac

Dans les premiers mois de vie, l’estomac du bébé est tout petit. De la taille d’une cerise à la naissance, il va progressivement grossir. Or, à chaque repas, l’estomac se distend par de grands volumes de lait et d’air absorbés en tétant, ce qui peut engendrer un trop-plein difficile à évacuer dans l’intestin grêle. Cette quantité importante favorise les régurgitations.

Régurgitations simples ou compliquées : quand faut-il consulter ?

La plupart du temps, la régurgitation chez le bébé est absolument normale et tend à s’estomper avec l'âge. On l’appelle alors reflux gastro-œsophagien simple. Mais il est toujours pertinent d’en parler avec son pédiatre. En effet, dans une situation plus rare et incommodante, votre enfant peut souffrir d’un RGO dit compliqué, parfois associé à d’autres maladies.

La régurgitation simple

Le RGO simple, indolore et sans danger pour la santé, est le plus courant. Il n'empêche pas le bébé de se nourrir correctement ni de prendre du poids ou de bien dormir. Il peut être atténué avec des mesures hygiéno-diététiques, par exemple :

  • En donnant du lait épaissi jusqu’à ce que le système anti-reflux soit bien formé ;
  • En commençant la diversification alimentaire au bon moment, ce qui alourdit le liquide gastrique et l’empêche de remonte​r ;
  • En prenant des précautions sur les positions du bébé après les tétées et au moment du coucher.

Vous trouvez que votre bébé régurgite beaucoup ? Vous aimeriez le soulager ? Si vous avez besoin de conseils, n’hésitez pas à consulter un professionnel.

La régurgitation compliquée

Un RGO compliqué peut affecter le quotidien de votre enfant. Il est conseillé de prendre contact avec un pédiatre rapidement si vous constatez l’un des symptômes suivants :

  • Des régurgitations douloureuses, avec des crises de pleurs et beaucoup d’agitation lors des repas ;
  • Des traces de sang dans le lait régurgité ;
  • Des régurgitations très abondantes ;
  • Des toux pendant ou après les tétées ;
  • Des difficultés à boire ;
  • Des problèmes du sommeil ;
  • Une mauvaise croissance ou une perte de poids.

Consultez en urgence si :

  • Votre bébé fait un malaise au moment d’une régurgitation, devient pâle ou bleu, ou peine à reprendre son souffle ;
  • Votre bébé vomit juste après la tétée.

Ces symptômes peuvent éclairer sur un trouble plus grave et donner lieu à des examens médicaux.

Dans des cas rares, l’acidité des remontées gastriques provoque une inflammation de la muqueuse de l'œsophage : c’est l'œsophagite. Cette maladie est souvent liée à une anomalie anatomique (hernie de l’estomac), à un problème pulmonaire chronique (mucoviscidose) ou à un mauvais développement psychomoteur. L'œsophagite peut provoquer un torticolis dû aux contractions du cou. Le RGO compliqué peut aussi être associé à des coliques ou à une intolérance alimentaire, notamment une allergie aux protéines de lait de vache.

Quel diagnostic pour un cas de RGO ?

Que vous évoquiez le sujet des régurgitations lors du suivi médical habituel ou en urgence, le médecin réalisera un diagnostic voire des examens complémentaires. Il préconisera ensuite de simples mesures hygiéno-diététiques ou bien la prise de médicaments.

La pH-métrie

En vue d’un examen plus poussé, la pH-métrie peut être nécessaire. Le médecin introduit une sonde dans le nez du bébé afin d’enregistrer les variations du pH au fond du tube digestif. S’il est trop acide, c’est le signe que le liquide gastrique remonte vers la bouche.

La gastroscopie

La gastroscopie, ou endoscopie digestive haute, consiste à observer l'œsophage, l’estomac et le duodénum à l’aide d’un tube optique souple, introduit par la bouche ou le nez. Muni de caméras, d’une lampe et de divers instruments, l’endoscope permet de visualiser, de prélever un tissu voire de réaliser une intervention chirurgicale. Ainsi, le médecin étudie les reflux et détecte la présence éventuelle d’une œsophagite.

Le bilan allergologique

En cas d’eczéma ou d’asthme, on va suspecter une allergie aux protéines de lait de vache. Votre enfant passera alors un bilan allergologue, via :

  • Une enquête alimentaire, en vous posant des questions sur vos antécédents familiaux, les symptômes, les traitements en cours… ;
  • Des tests cutanés d’allergie alimentaire, afin de trouver l’allergène en cause ;
  • Un dosage sanguin des immunoglobulines E pour confirmer l’allergène en question ;
  • Un test de provocation par voie orale en cas de doute persistant ;
  • Une épreuve d'éviction-réintroduction afin d’étudier la disparition puis la réapparition des symptômes.

Comment atténuer les régurgitations chez le bébé ?

Les régurgitations sont fréquentes et normales chez un nourrisson, mais ça ne vous empêche pas d’adopter des gestes simples pour les limiter. Voici nos conseils.

L’allaitement maternel

D’après l’Organisation Mondial de la Santé (OMS), le lait maternel reste le meilleur aliment pour les nourrissons jusqu’à 6 mois. Non seulement il contient tous les nutriments nécessaires à leur bon développement, mais il réduit aussi les risques de régurgitations. En effet, un lait maternel se digère plus vite. C’est un anti-acide naturel, ce qui limite les renvois du liquide gastrique. De plus, ses propriétés apaisantes et cicatrisantes agissent directement sur la paroi de l'œsophage.

Si vous allaitez, rassurez-vous : vous ne devriez pas rencontrer de problèmes de régurgitations.

Le lait épaissi pour bébé

Et si vous n’allaitez pas ? Dans ce cas, vous utilisez un lait infantile adapté à l’âg​e de votre enfant :

  • Jusqu’à 6 mois : lait premier âge, en remplacement du lait maternel ;
  • Entre 6 et 12 mois : lait deuxième âge, qui doit être complété par une alimentation diversifiée ;
  • Entre 12 mois et 3 ans : lait de croissance, qui continue à couvrir les besoins des jeunes enfants.

Selon le problème, votre pédiatre peut également vous recommander des laits infantiles spécifiques, notamment ceux à formule épaissie, à retrouver dans le commerce ou en pharmacie. À base d’amidon issu de pomme de terre, de maïs, ou bien de farine de caroube, le lait épaissi répond aux troubles digestifs d’ordre léger. Il alourdit le contenu de l’estomac pour l'empêcher de remonter.

Vous pouvez vous procurer des laits déjà épaissis ou bien acheter de l’épaississant, à ajouter dans la poudre. La composition entre les deux formules est la même. Attention : n’ajoutez jamais d’épaississant à un lait déjà épaissi !

La préparation du biberon

La plupart des laits infantiles se présentent sous la forme de poudre à mélanger à de l’eau. Afin de ne pas suralimenter votre bébé, respectez les dosages : une mesurette pour 30 mL d’eau, sans tasser la poudre. Agitez fortement le biberon et vérifiez qu’il n’y a pas de grumeaux à l’intérieur.

La quantité à donner varie avec l'âge et le poids du bébé. Quelques chiffres pour vous donner un ordre d’idée :

  • Jusqu’à 2 semaines : 6 biberons par jour
  • De 2 semaines à 6 mois : 5 biberons par jour
  • De 7 à 12 mois : 3 biberons par jour.

La première année, en moyenne, il boit entre 600 et 850 mL de lait par jour, et commence la diversification alimentaire dès 6 mois. Pour déterminer précisément la quantité à donner au bébé, vous pouvez vous baser sur la règle d’Appert. Voici la formule :

Quantité de lait journalière (mL) = (poids de bébé (g) / 10) + 250

Exemple : un bébé de 3 kg devrait boire (3000/10) + 250 soit 550 mL par jour.

Les bonnes pratiques pendant les repas

Afin d’éviter les régurgitations gênantes, suivez ces conseils pour bien nourrir votre bébé :

  • Donnez des repas plus fréquents et moins abondants ;
  • Faites des pauses lors des tétées afin de permettre à votre petit de faire un rot et de mieux évacuer l’air ;
  • Ajoutez des aliments solides ou des céréales dans le biberon si votre enfant est en âge d’en consommer ;
  • Favorisez une position verticale pendant et après le repas, pour une meilleure digestion ;
  • Ne couchez pas immédiatement le bébé après les tétées et attendez qu’il ait fait un rot ;
  • Habillez votre bébé avec des vêtements amples et confortables afin de ne pas comprimer son ventre.

Les solutions naturelles

En cas de RGO incommodant, vous pouvez essayer divers traitements naturels. Pour faciliter la digestion, vous pouvez masser le ventre de votre bébé, avec douceur, dans le sens des aiguilles d’une montre autour de son nombril. Cette solution va détendre et soulager les douleurs intestinales.

Vous pouvez aussi vous tourner vers un ostéopathe, qui va effectuer des massages au niveau du ventre, du diaphragme et de l’œsophage.

Le traitement médicamenteux

S’il est question d’une œsophagite, un traitement médicamenteux est prescrit en plus des mesures hygiéno-diététiques énoncées plus haut. Par exemple, des antisécrétoires gastriques peuvent être données à partir de l'âge d’un an afin de lutter contre l’inflammation du tube digestif. Ils sont utilisés dans une durée limitée à cause de leurs éventuels effets secondaires : diarrhée, risque d’allergie alimentaire… La chirurgie, en revanche, reste exceptionnelle.

Vous voulez plus de conseils sur la nutrition de bébé ? Découvrez nos articles sur les laits infantiles et nos laits premier âge !