Eveil

Tout savoir sur la DME pour bébé

La DME (diversification menée par l’enfant) est une alternative au système d’alimentation généralement utilisé en France : la diversification alimentaire, pour nourrir un bébé. Très populaire en Angleterre, cette démarche consiste à laisser l’enfant manger seul : il découvre lui-même les aliments, avec ses mains, et les ingère sous forme de petits morceaux. Babybio vous présente les caractéristiques de la DME et vous explique comment mettre en place cette méthode avec votre bébé. 

Qu’est-ce que la DME ?

L’acronyme DME signifie Diversification Menée par l’Enfant. Cette méthode d’alimentation a été popularisée dans les années 2000 en Angleterre par Gill Rapley, une infirmière de formation spécialisée dans la puériculture et la lactation. Son livre Baby-led Warning, paru en 2008, a pour la première fois mis un nom sur cette pratique (utilisée depuis des décennies à travers le monde) et l’a conceptualisée de manière formelle. 

Aujourd’hui, la DME est une méthode privilégiée par de très nombreux parents et professionnels de santé en Angleterre et dans les pays anglo-saxons. En France, elle reste encore peu connue, y compris au sein de la communauté médicale et pédiatrique. 

DME pour bébé : en quoi ça consiste exactement ?

La DME est une méthode d’alimentation qui consiste à laisser l’enfant manger son repas par lui-même. Ce n’est donc pas le parent qui donne à manger au nourrisson avec une cuillère, mais l’enfant qui met les aliments à sa bouche, et les mange à son rythme, de manière autonome (c’est pourquoi on parle aussi de diversification autonome, ou de diversification consciente lorsqu’on évoque la DME). 

Un complément idéal aux purées et petits pots

Avec la DME, l’aliment est présenté sous sa forme brute : le fruit/le légume n’est pas mixé ou préparé en purée, mais est découpé en petits morceaux après avoir été cuit (excepté pour ceux qui peuvent être mangés crus). L’aliment doit alors être consommé très dur (pour que le nourrisson puisse le sucer) ou fondant (pour pouvoir faciliter son ingestion), selon les capacités de mastication de l’enfant. Cette méthode est donc propice à la diversification alimentaire de votre enfant. Vous pouvez par exemple composer un menu avec en entrée une purée de carotte en petits pots bio, puis proposer à bébé un morceau de banane.  

Comment commencer une DME avec bébé ?

Commencer une alimentation DME nécessite l’application de plusieurs règles qui doivent être respectées pour pouvoir appliquer correctement la méthode de la diversification menée par l’enfant. A noter qu’il est recommandé de faire le point avec un allergologue avant de démarrer la DME afin de tester les allergies alimentaires de votre enfant. 

Quel âge pour commencer une DME ?

La DME ne doit pas être mise en place avant les six mois de l’enfant. C’est seulement à cet âge-là que le nourrisson possède les capacités nécessaires pour pouvoir manier les aliments et parvenir à les mastiquer. Il n’est toutefois pas indispensable que le bébé ait déjà des dents pour commencer à introduire la pratique, car l’enfant commencera par sucer ou mâchouiller les aliments. Si votre bébé a moins de 6 mois, nos recettes pour repas de bébé de 4 à 6 mois sont toutes indiquées. 

Quelles sont les autres conditions nécessaires ?

  • Votre enfant doit avoir parfaitement acquis la position assise (il doit notamment pouvoir se tenir assis sur une chaise haute).
  • Votre bout de chou doit être né à terme, sans problème de santé, ni hypotonie ni anomalie neuro-développementale.
  • La courbe de croissance de bébé doit être régulière et ne pas présenter de retard. 

Il est par ailleurs impératif de consulter votre pédiatre avant de décider de commencer une DME avec votre enfant. Lui-seul sera en mesure de vous dire si votre enfant peut être alimenté selon le principe de la DME. 

Quels aliments donner à votre enfant en DME ?

L’idée est de présenter chaque jour (ou à chaque repas) un fruit ou un légume différent à l’enfant, puis d’introduire peu à peu le poisson, les œufs et la viande. 

Quels légumes et fruits cuisiner?

L’introduction des premiers légumes et fruits peut suivre le même ordre que celui de la diversification alimentaire standard. Vous pouvez commencer par proposer à bébé des légumes tendres non fibreux comme la carotte, le haricot vert ou le blanc de poireau. De nombreux enfants qui pratiquent la DME sont par ailleurs très à l’aise avec la mastication des brocolis. Ce légume a l’avantage d’être facile à saisir et possède une texture simple à mastiquer.  

Environ deux semaines après l’introduction des légumes, vous pouvez faire découvrir les fruits à votre bout de chou. Banane, pomme, pêche, abricot…Présentez-les sous forme de bâtonnets pour éviter les risques de fausse route.

Comment introduire les poissons et les viandes ?

Après les fruits, vous pouvez introduire progressivement les poissons, les œufs et la viande dans l’alimentation de bébé. Le poisson, notamment, pourra facilement être écrasé par la langue et le palais du nourrisson. Pour l’introduction des viandes, il peut être conseillé de préparer la viande sous forme de boulettes. Vous pouvez également découper en lamelles de la viande de bœuf, de poulet ou de porc qui a été grillée au préalable. Les pilons de poulet bien tendres peuvent également être plus facilement ingérés par le nourrisson. 

Privilégier les aliments riches en fer

Il est important de varier les aliments et de proposer à votre enfant de nombreuses sources de fer : entre 6 mois et 1 an, les enfants peuvent en effet manquer de fer car ils ont désormais épuisé les réserves qu’ils avaient depuis la période fœtale. Plusieurs aliments peuvent être proposés à votre bout de chou : viande rouge, haricots blancs, abricots secs, fruits à coque, sardines…

DME : comment la mettre en place ?

Comme pour la diversification alimentaire standard, la DME va vous demander une certaine rigueur. Du côté de l’enfant, l’apprentissage sera assimilé progressivement, tout comme pour la diversification alimentaire classique. Il est d’ailleurs probable que votre bébé avance à tâtons, et commence par jouer avec les aliments sans les manger ; si cela est le cas, n’ayez pas d’inquiétudes : la découverte des textures et le développement des compétences liées au toucher font pleinement partie des vertus prônées par les adeptes de la DME. Après une période d’adaptation, le nourrisson parvient la plupart du temps à appliquer les bons gestes.

Par où commencer ?

Commencez par installer correctement votre bout de chou sur sa chaise haute. Son dos doit être bien droit contre le siège. Vous devez ensuite poser l’aliment dans l’assiette de bébé. Il convient de ne pas nourrir l’enfant : c’est lui qui doit aller chercher les aliments, puis qui doit les manger. Il est donc possible, au début, que le nourrisson ne consomme pas l’aliment, mais passe surtout son temps à le manipuler. Vous devez alors lui proposer le sein (ou du lait infantile), que ce soit pour compléter son repas (s’il a pris quelques bouchées) ou le nourrir (s’il n’a pas mangé l’aliment). 

Certains professionnels préconisent de déposer devant l’enfant l’intégralité de son repas. Il pourra donc choisir lui-même l’aliment qu’il va manger en premier (le dessert avant le plat, ou le plat avant le dessert). L’idée est de le laisser découvrir à son rythme les goûts, les saveurs et la texture des aliments.  

Liste des aliments pour commencer

Afin d'assurer une bonne initiation à la DME pour votre bébé, il est essentiel de sélectionner avec soin les aliments que vous lui offrez. Certains aliments sont particulièrement faciles à manger et donc parfaitement adaptés aux débuts de la DME. Voici une liste des aliments idéaux pour les premières étapes :

  • L'avocat
  • Le fromage
  • Le chou-fleur
  • Le brocoli
  • La poire
  • Le blanc de poulet cuit
  • La patate douce cuite
  • Les pâtes
  • La banane
  • La pastèque et le melon
  • La courgette cuite
  • Les carottes cuites
  • Des quartiers de pêche

En choisissant ces aliments, vous offrez à votre bébé des options saines et savoureuses pour explorer de nouvelles textures et saveurs. Il est important de rappeler que chaque enfant est différent et que les préférences alimentaires peuvent varier, il est donc conseillé de toujours surveiller attentivement leur réaction lorsqu'ils découvrent de nouveaux aliments.

Et les parents, dans tout ça ?

Avec la DME, les parents doivent « uniquement » surveiller bébé, en s’assurant que l’enfant a une bonne déglutition. La plupart des parents qui entendent parler pour la première fois de cette pratique éprouvent d’ailleurs des appréhensions en ce qui concerne les risques d’étouffements du nourrisson. Pourtant, aucune étude n’a démontré que ce risque était plus élevé qu’avec une méthode de diversification plus classique, y compris si le nourrisson consomme de gros morceaux d’aliments. À cet âge-là, les enfants ont en effet des réflexes nauséeux systématiques, qui leur permettent de recracher immédiatement un aliment qui se trouverait coincé dans le haut de la gorge.  

Quelle quantité d’aliments donner à bébé ?

Avec la DME, il n’est pas toujours évident de connaître précisément les quantités d’aliments ingérées par l’enfant, étant donné qu’il mange selon ses envies. Vous pouvez toutefois vous calquer sur les quantités de purées préconisées pour la diversification standard. Retrouvez tout ce qu’il faut savoir sur notre guide complet dédié à la diversification alimentaire. 

Mais n’ayez pas d’inquiétudes si vous vous apercevez que votre bébé mange très peu (voire pas du tout) : jusqu’à ses 12 mois, le lait doit rester la base de son alimentation. L’OMS recommande d’ailleurs que l’apport solide nutritionnel ne compte que 20 % de l’alimentation entre 6 et 9 mois, et 50 % entre 9 et 11 mois. La diversification (qu’il s’agisse de DME ou non) n’a pas pour fonction d’apporter au bébé les nutriments dont il a besoin pour se développer, mais joue avant tout un rôle dans le développement sensoriel et l’apprentissage des différentes textures et saveurs. La DME répond en ce sens parfaitement à ces objectifs. 

Comment associer DME et allaitement ?

Vous allez continuer à proposer du lait à votre enfant pendant la DME, que ce soit du lait maternel ou du lait infantile. La première année, le lait va constituer la base de l’alimentation de l’enfant. Si vous souhaitez continuer la DME jusqu’aux deux ans de l’enfant, le complément en lait diminue progressivement, tout comme pour la diversification alimentaire standard. 

Par ailleurs, il est tout à fait possible de pratiquer une DME mixte, soit de proposer de temps en temps des purées à votre enfant avec la cuillère. Cela peut notamment être une solution pour les enfants gardés en collectivité, qui ne peuvent pas se nourrir à tous les repas selon les principes de la Diversification Menée par l’Enfant. 

Allaitement, évolution de la taille de bébé mois par mois, apprentissage du langage…Retrouvez en ligne toutes les réponses à vos questions sur le développement de votre enfant. 

Quels sont les avantages de la DME ?

La DME présente plusieurs avantages pour le jeune enfant. C’est avant tout un moyen intéressant d’encourager et de renforcer son autonomie, mais aussi de développer sa motricité fine et ses compétences psychomotrices. Avec cette pratique, la découverte des aliments fait partie d’un processus plus large d’apprentissage et de développement des facultés de l’enfant, à travers l’expérimentation des couleurs, des textures et des saveurs. Par ailleurs, l’enfant, qui mange à son rythme, apprend également à mieux prendre conscience de sa satiété.

Quels sont les inconvénients de la DME ?

Comme toute méthode, la DME présente des avantages mais aussi des inconvénients qu’il est important de connaître. Le premier inconvénient est sans nul doute les « dégâts » que va faire votre bout de chou dans la cuisine. Il faudra vous armer de patience et être particulièrement bien organisé pour ne pas devoir vous lancer dans un grand nettoyage après chaque repas. Le second inconvénient réside dans le gaspillage des aliments, qui est au début souvent inévitable, au moins le temps de mieux cerner les quantités à prévoir pour votre bout de chou. Enfin, la DME peut également être angoissante pour certains parents qui redoutent particulièrement les risques d’étouffement (bien que le risque ne soit pas plus important avec cette pratique, comme nous l’avons vu), ou qui ont peur que leur enfant ne mange pas suffisamment. Si vous n’arrivez pas à lâcher prise (notamment sur les quantités) après plusieurs jours d’essai, inutile de continuer à vous inquiéter. La diversification alimentaire classique présente aussi de nombreux avantages pour votre enfant !